[Spécial Magal] : Inondations à Touba : Nappe phréatique et fuites d’eau, un cocktail explosif !
À Touba plusieurs quartiers pataugent dans les eaux de pluies à quelques jours du Grand Magal édition 2025. La ville sainte est confrontée à un cycle d’inondations accentués par une remontée de la nappe phréatique causée par des fuites sur le réseau d’approvisionnement en eau potable.
Depuis la nuit des temps, les peuples prient Dieu de leur envoyer la pluie pour qu’elle féconde la terre et leur procure des récoltes abondantes, car l’eau est la source de toute vie. A Touba, la ville sainte, où le liquide vital s’est mué en une source de dévastation, les populations retiennent leur souffle à chaque fois que le ciel devient gris. Ici, les conséquences des pluies diluviennes exacerbées par la remontée de la nappe phréatique ont transformé le quotidien des habitants en un véritable cauchemar. A quelques jours du Grand Magal, évènement phare de la cité religieuse qui s’apprêtent à accueillir des millions de fidèles mourides et des invités venus des quatre coins du monde, des trombes d’eau se sont abattues sur Touba le samedi 2 août et le vendredi 8 aout.
Ces manifestations pluvio-orageuses de forte intensité ont touché la ville sainte avec une forte pluviométrie qui affiche 140 mm à Touba et 118 mm à Mbacké. C’est le déluge à la veille du Magal ! A Ngiranène, Keur Niang, ou à Ndamatou, des quartiers situés dans la périphérie de la grande mosquée de Touba -le cœur battant de la cité mouride-, les populations vivotent en apnée, priant avec ardeur que ce calvaire -accentué par les changements climatiques- qui perdure depuis plus d’une décennie soit définitivement conjuré ou au moins atténué avant le 13 août 2025, date de l’édition 2025 du grand Magal.
Les images aériennes font froid dans le dos. Elles dévoilent l’ampleur des dégâts et révèlent la complexité de l’équation des inondations à Touba que l’État s’échine à résoudre depuis plusieurs années à coût de dizaines de milliards de francs CFA. La difficulté de la tâche réside dans le fait que des facteurs anthropiques sont venus, par effet domino, créer une réaction à la chaîne produisant ainsi des conséquences de plus en plus graves. Il s’agit, entre autres, de la remontée de la nappe phréatique dans les zones basses de Touba (alentours de la grande mosquée, Ndamatou, Keur Niang, Marché Ocass) qui sont aujourd’hui les plus vulnérables aux inondations.
Ce phénomène de remontée du niveau de l'eau souterraine jusqu'à la surface du sol, provoque une submersion et empêche l’infiltration des eaux de pluies. Il est généralement causé par de fortes pluies prolongées qui surchargent le sol, mais en l’espèce ici, il s’agit principalement d’une imperméabilisation des sols causée par une urbanisation galopante non contrôlée à Touba qui empêche le ruissellement et l’infiltration des eaux. Ceci, combiné à des fuites sur le réseau d’approvisionnement en eau potable.
De plus, la topographie du sol de Touba n’est pas pour arranger les choses puisqu’elle révèle que la ville était autrefois traversée par une vallée avec des zones basses et des cuvettes où des milliers de populations se sont installées. Cette topographie montre un sol de type sablo-argileux très vulnérable à la saturation souterraine, qui présente l'image d’une éponge totalement imbibée.
Ces eaux qui stagnent à la surface représentent un danger pour les populations en ce sens qu’elles menacent la sécurité des bâtiments dans les zones concernées. Le phénomène en question a été détecté en mai 2021, nous signale Abdoulaye Cissé, chargé de projet à la Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau du Sénégal (Dgpre) au ministère de l'Eau et de l'Assainissement. Le ministre de tutelle de l’époque, Serigne Mbaye Thiam avait d’ailleurs alerté l’Assemblée nationale en décembre 2021 lors du vote du budget alloué à son département.
Remontée de la nappe phréatique et menace sur la sécurité des bâtiments
« Nous avons été informés du problème en mai 2021. L’État du Sénégal avait financé un projet de drainage des eaux pluviales et de pompage des eaux superficielles. L’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) avait commencé les travaux dans la ville sainte. Les populations ont interpellé les techniciens sur ce problème de remontée de nappe. Ces derniers ont informé le ministère à l’époque dirigé par Serigne Mbaye Thiam et l’autorité a saisi la Dgpre », révèle l’hydrologue revenant sur la genèse du problème qui aggrave les inondations à Touba.
Une équipe de la Dgpre a donc été dépêchée dans la cité religieuse pour diagnostiquer le mal et trouver des solutions. « Sur place on a constaté autour de la grande mosquée et autour des anciens cimetières et au marché Ocass, qu’il y a un phénomène de remonter de nappe. Par exemple, confie-t-il, au marché Ocass, les souterrains où les commerçants gardent leurs stocks étaient totalement inondés. On a fait des échantillonnages. Sur la base des résultats, un et on a fait un compte rendu au ministre qui a demandé d’aller faire des études plus poussées afin de mieux comprendre le phénomène et de lui trouver des solutions durables ».
Ainsi, en juillet 2021 une mission de l’ensemble des services du ministère et de la protection civile a été envoyé à Touba. Des études géophysiques, des analyses chimiques, la détection de fuites d’eau et une cartographie ont été effectuées. Il ressort de celles-ci que : « la qualité de l’eau qui affleure est la même que celle de la nappe profonde, c’est-à-dire la même qui est distribuée pour l’alimentation en eau potable. On a donc pu conclure que ce sont des fuites sur le réseau d’eau ».
Plus de 350 fuites détectées sur le réseau d’approvisionnement en eau
Pire encore, signale M. Cissé : « puisqu’on était avec l’Ofor on s’est rendu compte que le réseau d’approvisionnement en eau est à 50% de son rendement à Touba. C’est-à-dire que si l’Ofor produit 100 litres d’eau ce sont les 50 litres qui arrivent aux robinets. Cela veut dire que tous les 50 autres litres d’eau sont perdus. C’est soit des fuites d’eau ou des branchements clandestins non maîtrisés qui peuvent également faire l’objet de fuite ».
Une révélation corroborée par un technicien du ministère qui s’est confié à Seneweb sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, lors d’une récente réunion d’évaluation, les autorités avaient annoncé que plus de 350 fuites avaient été détectées sur le réseau d’approvisionnement en eau et la liste est loin d’être exhaustive puisque l’étude n’était pas encore bouclée. La recharge induite tournait autour de 2655 m3/jour, selon M. Cissé.
Les forages de rabattement, une solution d’urgence qui s’éternise
Dans l’urgence pour soulager les habitants face à ce danger imminent, des forages de rabattements ont été réalisés, des pompes installées, des analyses microbiologiques effectuées afin de mieux cerner l’origine de l’eau, le réseau de drainage des eaux pluviales et de collecte des eaux usées renforcé, une évaluation de la résistance des immeubles et des mesures conservatoires prises pour la protection des populations, n’empêche le mal persiste.
En effet, 22 forages de rabattement associés à 8 piézomètres (des forages utilisés pour suivre le niveau pour voir l’effet des pompages), tournent à plein régime. Ils sont connectés au réseau de drainage des eaux pluviales dans la zone de Touba mosquée, autour des anciens cimetières, à Ndamatou et au marché Ocass. L’eau pompée quotidiennement est versée dans le bassin de Nguélémou puis déversée dans le bassin de Darou Rahmane. Une solution loin d’être durable car l’eau remonte à la surface dès que les forages arrêtent de pomper.
L’urgence de trouver une solution durable
Une nouvelle étude plus approfondie a donc été réalisée en 2023, sous la direction de la Dgpre, consistant à une modélisation hydrogéologique afin de détecter les zones de fuite et voir le volume et le niveau de la nappe afin de trouver des solutions durables. « Il s’agit d’une modélisation de scénarios à même de résoudre définitivement le phénomène de remontée de la nappe qui accentue l’inondabilité de Touba », signale M. Cissé. Trois scénarios ont été modélisés et simulés : « le pompage sans réfection des fuites ; la réfection des fuites sans pompage ; les deux combinés ».
« Les simulations ont montré que la réfection seulement ne peut pas résoudre le problème, de même que le pompage seul. Il faut donc combiner les deux parce que si on réfection toutes les fuites sur le réseau et que les forages continuent à pomper, on peut avoir des rabattements de nappe de 3 à 4 mètres. Donc la nappe ne va plus affleurer permettant l’infiltration des eaux pluviales », confie l’hydrologue qui signale qu’un renouvellement du réseau d’approvisionnement en eau est préconisé.
« La solution, insiste-il, c’est de poursuivre les pompages et de réparer les fuites. Si les deux mesures sont combinées, sur une année, le problème sera résolu. Cela va également atténuer le phénomène des inondations ». Toutefois, ce renouvellement du réseau d’eau dans la deuxième ville démographique du Sénégal nécessite certes de gros moyens et des mois de travaux, mais Touba, de par son importance, en vaut le coup.
Commentaires (12)
Bi dé nawétou macky sall. thieye macky boula akhou sénégalais yi dallé...
au lieu d'appeler a l'aide a la solidarité nationale ils se versent dans la manipulation semant ainsi la confusion sur la population leurs armées de tiktokeur pondent des vidéos de montages affirmant qu'il n'y'a plus d'eau a touba ils sont sans coeur ses gens la vraiment lii métina.
Tu es un idiot et tu le sais
Avec l'enfouissement les panses d'animaux issues des abattages pour le Magal et les restes de repas, les restes de proliférations bactériennes et virales, les risques sanitaires sont énormes.
Le gouvernement gagnerait à accélérer les autoroutes de l'eau
@kGB tu as parfaitement raison comme on dit chez nous la vérité sort dans la bouche des idiots je préfère l’être plutôt qu’un doué malhonnête wassalam.
C’est un échec et surtout un avertissement pour Cheikh Tidiane Dieye.
Vous ne pouvez pas espérer des résultats en vous entourant des mémés incapables suceurs de Francs.
Pour moi, vous êtes sans doute le plus volontaire de ce gouvernement. Mais…:
L'assainissement c'est une affaire Sérieuse! On ne donne pas ça à un sociologue médiocre qui ne sait que parler. C'est un émotif ce soi disant ministre dou sama nawét ! L'assainissement concerne plusieurs corps de métier à regrouper et à faire travailler ensemble pour avoir des résultats...le topographe, l'urbaniste, l'ingénieur génie civil, l'hydraulicien...et tant d'autres! Ces gens brillent par leur Incompétence et leur Populisme! Pauvre Sénégal!
Quel èchec ? Arrètez vos mensonges là . Vous n'avez que cette de merde en ligne là maintenant pour raler. Nous , on travaille et nous ne volons pas l'argent du peuple .
Tu veux quoi ? qu’il s’entoure des 4000 cadres qui ont écrit le livre solution pour régler le problème ?
Touba est mal barré alors.
Serigne MBaye Thiam s’est glorifié que la renégociation a été faite par les personnes qu’il avait mis en place…:
Vous ne réglerez rien à Touba avec eux
Touba la ville sainte sois disant directement connecté avec dieu sous le déluge, mais la ligne directe à un gros beugg. Et puis c'est pas quelques centimètres d'eau qui vont empêcher des dizaines de milliard de Sénégalais d'aller faire bombance et de faire la fête, puisque dans ce pays c'est la chose la plus importante, si on mettait les cons dans un panier, il y en aurait beaucoup qui resterait sur le couvercle !
Stp nul besoin d'lnsulter
Nos lumières pastouffe vont régler ça, no souci c'est une broutille....sinon RV en....2050
Ce qui m’étonne moy que tout le monde sait que la ville était construite sans canalisation et s’est agrandie ainsi et au fur et à mesure et tant que le Magal tombera en saison des pluies ,ça sera ainsi.Soyez honnête et arrêtez de le politiser.L’année prochaine ça sera pareil.Wasalam
Cette ville est sur une ancienne vallée aquatique, elle doit donc être évacuée, sinon le contribuable y perdra des milliards sans résultats.
En plus, même si par miracle les ingénieurs parvenaient à faire baisser le niveau de la nappe, les bâtiments commenceraient à s'effondrer du fait d'un sol devenu mouvant.
Cette ville subit l'insouciance de ses guides religieux et des régimes précédents qui ont toujours fermé les yeux sur ces fuites du réseau d'eau potable et sur l'absence d'assainissement.
J’étais tellement fier quand SONKO est allé inaugurer les orages,
On dirait que c’est pire que l’année dernière
On devrait convoquer en garde à vue tous les responsables du projet
Tant qu’on ne rend pas compte des milliards de dépenses on aura pas de résultats
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